Manifeste de la Campagne | Justiça nos Trilhos
29 de novembro, 2011

La justice sur les rails
La vie du peuple et de la compagnie Vale do Rio Doce
le long de la voie ferroviaire Carajás

Manifeste demandant la justice et le respect de l’environnement

1-      Histoire et contexte

Découverte par de grandes multinationales à l’époque de la dictature militaire, la région brésilienne du Carajás est une grande province riche en minerai située dans l’Amazonie orientale.  Le Carajás contient la meilleure et la plus importante réserve mondiale de fer, d’importantes réserves de magnésium, de cuivre, de bauxite, de nickel, d’or et d’autres richesses minières, sans compter d’importantes réserves forestières et un énorme potentiel hydroélectrique.

L’exploitation minière du fer dans la savane du Carajás située à l’est de l’état du Pará, a commencé au cours des années 60, mais a gagné beaucoup en importance au cours de la décennie suivante lorsque l’entreprise Vale do Rio Doce (Vale) a pris le contrôle total de l’exploitation minière de la région.  Dès 1979, la Vale, qui appartenait alors à l’état brésilien, a lancé le programme Grande Carajas qui avait pour objectif de moderniser les infrastructures pour permettre de décupler la production minière et ainsi pouvoir répondre à la demande des marchés internationaux pour ces ressources.

Pour consolider cet ambitieux projet, d’importants travaux d’infrastructure ont du être réalisés.  Entre autre, la centrale hydroélectrique de Tucurui au sud-est du Pará, le port de Ponto da Madeira à São Luís do Maranhão qui est devenu notamment le port le plus achalandé du Nord et du Nord-est brésilien ainsi que le chemin de fer de Carajas (EFC) pour ne nommer que ceux-là.

2-La Voie ferrée Carajás

La Voie ferrée Carajás (EFC) fut inaugurée le 28 février 1985. Elle couvre 892 km et traverse 25 municipalités dont 4 au Pará et 21 au Maranhão.  Cette ligne relie les mines du Carajás au port de Ponte de Madeira à São Luís.  Elle est directement opérée par la Vale depuis 1976 lorsque le gouvernement fédéral brésilien lui en a confié la gestion qu’elle a conservée en 1997 malgré sa privatisation et ce pour encore au moins 30 ans.

 Ayant été brillamment construite avec les fonds publics, la Voie ferrée Carajás (EFC) est l’une des plus productives au monde, ce qui représente pour la Vale privatisée une véritable mine d’or. En plus du fer et du magnésium, la EFC transporte annuellement des tonnes d’autres  minerais mais aussi du bois, du ciment, des voitures, des engrais, du combustible, des produits sidérurgiques et agricoles et tout particulièrement le soja produit au sud du Maranhão, au Piauí, au Pará et au Mato Grosso.

Ce chantier colossal a pour le moins redessiné le paysage de l’Amazonie, en créant de nouvelles activités économiques comme la sidérurgie, certes, mais en bouleversant la vie des ses habitants et tout particulièrement celle des peuples indigènes.

Bien que ce ne soit pas sa priorité, la compagnie Vale est tenue par son contrat d’assurer le transport de passagers via la EFC.  Ainsi, les retard, les accidents et même les morts sont affaire courante.  Ce qui aurait pu être un avantage pour la population apporte donc son lot de problèmes.  Sans compter que beaucoup de travailleurs du Maranhão prennent le train s’imaginant trouver de meilleurs conditions dans les mines du sud-est du Pará, ne sont pas qualifiés, s’y rendent et voient leurs rêves s’envoler en fumée. 

La situation est encore pire considérant que la EFC est en train de doubler toutes ses lignes de chemin de fer afin de pouvoir transporter 100 000 tonnes de fret par an dès 2010.  Cela signifie, l’élargissement des voies, le détournement du trafic ferroviaire et la formation de trains dotés de trois locomotives et de 312 wagons dans de plus grandes gares de triage.  Une telle situation contribue à détruire encore davantage l’environnement et à réduire la qualité de vie des nombreuses personnes qui résident près des sites impliqués. 

  Contexte  actuel

Le grand pôle minier de Carajás est actuellement le plus grand complexe minéro-métallurgique au monde.  Dans un rayon de 150 km, on retrouve 14 usines sidérurgiques concentrées le long de la EFC, principalement dans les régions de Narabá dans le Pará et d’Açailândia dans le Maranhão.  Dans plusieurs cas, la production est exportées jusqu’à 100% vers les USA, l’UE, la Chine et le Japon. 

Chaque Sidérurgie peut consommer plus de 300 tonnes de charbon de bois par jour.  Ceci contribue largement au déboisement de la région à tel point qu’en plusieurs endroits, il n’existe plus que des forets de plantation.

Ce modèle économique est déplorable puisqu’il emploi peu de gens si on compare avec des usages alternatifs qui pourraient être faits du même territoire.  Il concentre l’argent et le pouvoir dans les mains de quelques employeurs de la région, ne permet aucun type de débat concernant de possibles alternatives et affecte la santé des gens en raison de l’extrême pollution.

Il faut se rappeler que la Vale est couverte d’amendes impayées puisqu’elle ne respecte pas les normes environnementales selon l’agence fédérale brésilienne IBAMA chargée de la protection de l’environnement.  Depuis la privatisation de la Vale, 56 infractions ont été constatées pour une valeur de 37 millions de Réals ou 23 millions de dollars canadiens.  Ces amendes résultent normalement du non respect des conditions environnementales imposées lors de l’émission de leur permis d’exploitation.

Comme alternative à cette gigantesque multinationale, de petites expériences sont en en train de se développer à la base: initiatives liées à l’agriculture biologique familiale;  mise en marché locale du champ à l’assiette; projets de recyclage et de petites productions alternatives au sein de la ville; promotion du microcrédit.

Bien qu’il existe effectivement des infrastructures modernes qui ont contribué à l’industrialisation de la région,  la concentration de la richesse et des terres qui en a résulté aura surtout servi à faire augmenter le nombre d’exclus considérant le peu de retombées économiques pour le pays et encore moins pour les gens de la région.  Sous un vernis de progrès et de développement, on assiste en fait à un pillage des ressources au profit des intérêts privés et étrangers soutenus par l’idéologie des nations hégémoniques qui se servent des les lois du marché pour dominer au prix de la destruction de l’État et du peuple brésilien.

Le cas emblématique de Açailândia

Açailândia est une ville stratégique pour la Vale puisque c’est dans cette municipalité de l’intérieur du Maranhâo que l’EFC se connecte avec la voie ferroviaire Nord-sud.  L’élargissement de cette dernière ligne de train qui vise à unir les lignes Goiânia-Goiás à Bélem- Pará est considéré comme un des projets d’infrastructure prioritaire pour le Brésil qui se fera essentiellement au profit des grands propriétaires.  C’est également dans cette municipalité que se croisent la route Bélem- Brasilia ( Br-110) avec la Br-222 qui mène de Fortaleza-Ceará à Marabá-Pará.

La population de Açailândia dans le Maranhão a été largement victime de la dégradation environnementale.  De toutes les municipalités qui sont traversées par la EFC, Açailândia constitue un cas emblématique puisqu’elle réunie l’ensemble des problèmes liés au développement de la Vale: mines, déboisement, monoculture d’eucalyptus, pollution environnementale due à la sidérurgie et à la production de charbon de bois, esclavage, misère, malnutrition et exploitation sexuelle d’enfants.  Cette ville exprime le malheur de toute la région du Carajas où les problèmes sont très semblables et où le rapport de force s’apparente partout à celui de David contre Goliath.

2-      LA CAMPAGNE de mobilisation

La campagne Justice sur les rails a commencé vers la fin de l’année 2007, par l’initiative des missionnaires comboniens (congrégation de l’Église catholique) qui travaille dans diverses régions de l’état du Maranhão qui ont pu compter sur l’adhésion rapide d’autres groupes et organismes qui participent au comité de coordination et font parti de son réseau de mobilisation.

La mission de la campagne de mobilisation consiste prioritairement à la défense de l’environnement et des populations menacées dans la région amazonienne, spécialement celles qui sont situées le long de la voie ferrée.  Mais également faire connaître le sort qui est réservé aux populations autochtones et aux travailleurs qui sont exploités dans la région.

La campagne vise à mobiliser principalement trois secteurs de la société: les mouvements populaires et la population qui les supporte, les milieux académiques et les institutions publiques locales.

Le Forum Social Mondial Belém de janvier 2009 sera une belle occasion de mobilisation.  Le FSM cherche à donner de la visibilité aux problèmes de la région pour que puissent s’établir des alliances d’envergure nationales et internationales.  La mobilisation pour faire pression sur la Vale au Carajás peut servir de modèle pour d’autres régions.

Les objectifs de notre action sont principalement les suivants:

a-     Évaluer l’impact réel des activités de la compagnie Vale do Rio Doce (Vale) depuis le début de l’exploitation du chemin de fer dans la région.

b-     Soulever le débat sur les mécanismes qui permettraient l’internalisation des coûts générés, mais non payés par la Vale et qui sont assumés par les populations locales ; trouver une façon de partager ces coûts afin de permettre un développement durable pour les communautés qui vivent à l’aire de l’influence de la EFC.

Il importe de souligner qu’avant sa privatisation, la Vale avait l’obligation de contribuer à un fonds de développement, à hauteur de 8% de ses revenus, qui devait être investi en faveur de la population directement affectée par ses activités.  Cette obligation a pris fin avec la privatisation de la compagnie.  Dès lors, la Vale, par l’entremise d’une fondation de bienfaisance sociale à son nom, a mis sur pied des petits projets locaux qui n’ont rien à voir avec les profits disproportionnés de la compagnie, d’autant plus que la compagnie refuse de s’engager envers la population locale à moyen et à long terme.

On entrevoit la possibilité que les populations et les administrations publiques locales puissent obtenir des indemnités à la hauteur des impacts environnementaux  causés par l’exploitation minière.  Un tel processus de compensation pourrait à terme rétablir l’équilibre entre les intérêts de la compagnie et ceux de la population.  Ces investissements pourraient être placés dans un fonds pour le développement durable, payé tant par l’État que par la Vale, mais géré en partenariat avec la société civile dans l’intérêt de l’environnement et de la société.  Voilà quelques possibilités: l’agriculture biologique, le reboisement avec des espèces indigènes, l’agriculture familiale et coopérative, la réappropriation des berges, etc.

Voici des actions entreprises par la campagne de mobilisation au cours de l’année 2008:

1-Étude et recherche : collecte de données sur les impacts environnementaux de la voie ferrée, documentation des dégâts causés à des personnes et au sol, étude des lois environnementales et des accords établis entre la Vale et les municipalités traversées par la voie ferrée, étude comparée de la situation dans la région de Carajás avec d’autres cas similaires au Brésil et à l’extérieur, analyse des coûts économiques liés à la présence de la Vale, etc.

2-Conscientisation et mobilisation des personnes : réalisation de séminaires, production du matériel promotionnel et petits documentaires, livrets, sites internet, rencontres de formation, etc.

3-     Renforcement du réseau de mobilisation : aider les groupes et les mouvements intéressés tant au niveau national qu’international.

La coordination de représentants d’organisations sociales, de gens des professions libérales, de professeurs et de chercheurs universitaires est la première étape de notre chantier.  Il faut dès maintenant participer à cette lutte pour la justice et une répartition équitable des bien de la terre et pour la vie des peuples et de l’environnement le long du chemin de ferre de Carajas!

Coordination de la campagne Justice Sur les rails

Contact:

justicanostrilhos@gmail.com

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